“D’une secrète horreur je me sens frissonner”
Jean Racine, Iphigénie, 21-22 novembre 2024
Mont-Saint-Aignan
Salle de conférences,
Maison de l’Université
Journée d’étude
Samedi 3 juin 2023
Musée national de Port-Royal des Champs
Route des Granges
78114 Magny-les-Hameaux
Comité scientifique : Philippe Luez, Gilles Declercq, Laurence Plazenet
Comité d’organisation : Caroline Labrune, Servane L’Hopital, Tony Gheeraert
Site Internet : https://annivracine.hypotheses.org/
Contact : anniversaires_raciniens@googlegroups.com
09h40 – Présentation de la journée
10h00 – Philippe Luez (Musée national de Port-Royal des Champs), « Illustrer Racine »
10h40 – Yosuke Morimoto (Université de Tokyo), « Nicole et Escobar (et Cie) : une relecture du Traité de la Comédie »
11h20 – Pause
11h30 – Servane L’Hopital (Lycée Malherbe de Caen), « Jouer et prier. Analyse comparée du Traité sur la comédie et du Traité sur la prière de Pierre Nicole »
12h10 – Tristan Alonge (Université de La Réunion), « La tentation de Joad. Sur les traces d’une théologie augustinienne dans Athalie »
12h50 – Déjeuner
14h30 – Franc Schuerewegen (Université d’Anvers), « Histoire de nonnes, de signatures et de Bajazet »
15h10 – Lauriane Maisonneuve (Université de Lyon-II), « L’ego racinien ou l’intégration de la contrainte janséniste »
15h50 – Pause
16h10 – « Droit à la fiction et moralité du théâtre, hier et aujourd’hui », entretien avec Léna Paugam (compagnie Alexandre) animé par Tony Gheeraert
17h00 – Clôture de la journée
Conception graphique : Hélène Hôte (CÉRÉdI)
« Un poète de théâtre et un faiseur de romans est un empoisonneur public, non des corps, mais des âmes des fidèles. » Cette formule cinglante, lancée par Pierre Nicole dans le feu d’une polémique, a beaucoup contribué à forger l’image d’un Port-Royal obscurantiste et rétrograde, hostile aux plaisirs des spectacles, et réfractaire à l’une des plus exaltantes expériences littéraires et artistiques qu’ait connues la France, à l’époque où triomphaient sur scène Corneille, Molière et Racine. Ce dernier, auteur de très violentes Lettres à l’auteur des Imaginaires, rompit d’ailleurs bruyamment avec ses anciens maîtres en leur reprochant leur aversion pour le théâtre, rebaptisée récemment « théâtrophobie ». Cette « querelle des Imaginaires » contribua à figer les positions de l’histoire littéraire : il parut évident qu’au temps de Louis XIV, le théâtre avait ses amis – tous nécessairement esprits ouverts, libres et créatifs – et ses ennemis – des rabat-joie engoncés dans un moralisme obtus. Parmi ces derniers figuraient au premier chef les « jansénistes » de Port-Royal, Pierre Nicole, et plus encore le prince de Conti, à qui la tradition historiographique ne pardonna pas d’avoir trahi Molière après l’avoir protégé avant de devenir dévot.
Un tel manichéisme ne laisse pas d’être réducteur. D’abord, les « prétendus jansénistes » n’étaient en rien isolés à l’époque dans leur combat contre l’art dramatique : Bossuet, ennemi déclaré de l’augustinisme port-royaliste, blâma le théâtre avec la même virulence que les Messieurs quelques années plus tard. Les sulpiciens autour de Jean-Jacques Olier, ennemis jurés des jansénistes, avaient développé une pastorale anti-comédiens. L’archevêché de Paris, de son côté, obtint du roi l’interdiction du Tartuffe. Quant aux jésuites, ils toléraient certes dans leurs collèges une pratique pédagogique par la scène, mais celle-ci était étroitement encadrée et limitée, et n’empêchait pas une certaine réticence à l’égard de la fiction.
Non seulement les port-royalistes ne détenaient pas le monopole de la haine du théâtre, mais surtout, les différents traités et textes contre « la comédie » produits par les amis du monastère ne sauraient constituer les ultima verba des Solitaires sur la question. Comme Racine se plaisait à le leur rappeler malicieusement dans ses Lettres, n’avaient-ils pas traduit Térence ? N’avait-il pas lui-même appris le grec, aux Petites-Écoles, dans Euripide et Sophocle ? Et n’avait-il pas également appris la déclamation et la diction, dont le caractère chantant est resté célèbre, auprès de l’avocat Antoine Le Maistre ? La révolte du jeune dramaturge se fondait sur une incompréhension sincère : comment ses maîtres, qui avaient allumé en lui une passion absolue et définitive pour le théâtre antique, pouvaient-ils lui reprocher d’avoir choisi la carrière dramatique, où il ne tendait après tout qu’à ressusciter à Paris la gloire artistique de l’ancienne Athènes ? En 1666, cette contradiction lui paraissait insupportable et choquante, voire l’indice d’une hypocrisie indigne de pieux Solitaires. La répulsion pour le théâtre, si hautement affichée par Nicole et ses amis, pouvait bien être le revers d’une fascination troublée pour la fiction, que le jeune Racine avait sentie, et qui fut sans doute la cause de son malaise, puis de sa rupture fracassante avec Port-Royal. Comme l’a montré Laurent Thirouin dans L’Aveuglement salutaire (1998), ces détracteurs du théâtre étaient aussi paradoxalement ceux qui lui prêtaient le plus de pouvoir, alors que ses défenseurs en minimisaient plutôt les effets.
Pourtant, bien plus tard, après douze ans d’un brillant parcours, Racine renonça au théâtre et se réconcilia avec Port-Royal. Était-ce pour confesser qu’il avait tort, que la scène et la morale augustinienne étaient finalement et effectivement incompatibles ? Ce serait oublier toutefois que, tout en professant la plus sincère dévotion, le vieux poète consentit encore écrire et conduire deux créations dramatiques, certes dans le cadre pédagogique, à la demande de Madame de Maintenon, sans que ses relations avec ses anciens maîtres aient été en rien affectées.
Si le conflit puis le rapprochement entre Racine et ses maîtres structure en grande partie la réflexion sur les liens entre Port-Royal et le théâtre, la figure de Corneille apparaît en fait encore plus obsédante dans les textes des amis du monastère : le dramaturge rouennais est l’adversaire privilégié des polémistes anti-théâtraux, qui manifestent une excellente connaissance de son œuvre ; comme l’a montré une rencontre récente, on devine aussi à plusieurs reprises le filigrane cornélien dans l’œuvre de Pascal, dont l’écriture mobilise tous les ressorts de la dramaturgie. Quant à Tartuffe, l’entourage de Louis XIV a pu y déceler une alliance objective avec les « jansénistes », expliquant son interdiction.
La journée pourra interroger les différentes facettes de ces relations tumultueuses, toujours passionnées, de Port-Royal et du théâtre :
Cette journée est proposée en marge de la série de manifestations consacrées au 350e anniversaire des pièces de Racine, et dans la continuité de la journée d’étude Port-Royal et les images organisée par le CÉRÉdI (Université de Rouen Normandie).
Le Centre International Jean Racine félicite son vice-président Tristan Alonge, qui a brillamment soutenu hier son habilitation à diriger les recherches, dont l’inédit à paraître s’intitule: Dieu metteur en scène. Bible et tragédie de Buchanan à Racine. Le jury était composé de Gilles Declercq (garant), Carine Barbafieri (présidente), Michele Mastroiani, Michael Hawcroft, Jean de Guardia, et Tony Gheeraert
Le colloque sur Bajazet et Mithridate, qui s’est tenu à Rouen en novembre dernier, est désormais accessible en vidéo sur la webtv universitaire. A revisionner sans modération!
https://webtv.univ-rouen.fr/channels/#2022-racine-1672-bajazet-mithridate
Le Centre International Jean Racine s’associe à la représentation de Phèdre ! de François Grémaud, le 7 février à la Maison de l’Université de Mont-Saint-Aignan
Ce spectacle pourrait avoir en sous-titre : conférence espiègle et insolite. La salle de spectacle devient salle de cours, et nous, devant un Romain Daroles en jeune professeur exalté qui veut nous transmettre sa passion ardente pour Phèdre, nous rions. Seul sur scène, armé d’un livre, le comédien campe tous les personnages et fait revivre sous nos yeux la force des passions à l’œuvre dans la pièce. Habité d’un enthousiasme communicatif pour la langue classique, il retrace d’une verve cocasse la descendance mythologique des personnages, démêle l’intrigue foisonnante, déchiffre la beauté merveilleuse des alexandrins… Tout en humour, François Gremaud fait de cette grande tragédie classique une odyssée moderne et joyeuse. Le drame qui se noue est, « en vers » et contre toute attente, une ode à la vie, un hymne à la joie.
Conception, mise en scène : François Gremaud, assistanat à la mise en scène : Mathias Brossard, lumière : Stéphane Gattoni, texte : François Gremaud d’après Jean Racine, avec : Romain Daroles
Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation
Discutant : Tony Gheeraert
Durée estimée : 1h45
À partir de 15 ans
5 / 8 / 12 € – Carte Culture acceptée
Résas : 02 32 76 93 01 – spectacle.culture@univ-rouen.fr
billetterie-mdu.univ-rouen.fr
Informations pratiques :
Date de l’évènement : le 7 février 2023
20h
Lieu(x) : Maison de l’Université
Contact :
spectacle.culture@univ-rouen.fr
DIRECTION DE LA CULTURE
Les détenteurs d’une adresse académique ou universitaire peuvent visionner Phèdre! sur la plate-forme Cyrano.
Nous avons le plaisir d’annoncer la soutenance de thèse suivante :
Le 16 février 2023 à 14h30
Marine DEREGNONCOURT
soutiendra une thèse de doctorat portant sur :
Figures de l’intime et de l’extime : réflexion et analyse à partir du jeu de Marina Hands & Eric Ruf face à Phèdre de Jean Racine et Partage de Midi de Paul Claudel
Le jury sera composé de :
Université du Luxembourg – Maison des Sciences Humaines
11, Porte des Sciences
L. – 4366 Esch-sur-Alzette (Belval / Luxembourg).
La soutenance se tiendra en présence mais sera accessible à distance. Pour assister à distance, contacter Marine Deregnoncourt: marineadoreian [AT] gmail.com
Plus de renseignements ici: https://mhermd.hypotheses.org/
Dans le cadre de la célébration des anniversaires des tragédies de Racine, l’Université de Rouen commémorera Bajazet et Mithridate, qui fêtent cette année leurs 350 ans d’existence. Le colloque, coorganisé par le Centre International Jean Racine, la Société des Amis de Port-Royal et le laboratoire CEREdI de l’Université de Rouen Normandie, se tiendra sur le campus de Mont-Saint-Aignan, à la maison de l’Université (salle de conférences), place Emile Blondel, 76130 Mont-Saint-Aignan, les 24 & 25 novembre 2022.
Comité d’organisation : Caroline Labrune, Servane L’Hopital, Victoire Malenfer, Tony Gheeraert.
Comité scientifique : Laurence Plazenet (Université de Clermont Auvergne, Présidente de la SAPR), Philippe Sellier (Sorbonne Université), Gilles Declercq (Université de Paris III, Président du Centre International Jean Racine), Jean Rohou (Université de Rennes II), Jean-Philippe Grosperrin (Université de Toulouse), Delphine Reguig (Université de Saint-Etienne)
Institution organisatrice : Centre de recherches Editer-Interpréter (Cérédi, UR 3229)
Institutions partenaires : Centre International Jean Racine, Société des Amis de Port-Royal
PROGRAMME
jeudi 24 novembre 2022
Salle de conférences, Maison de l’Université – Mont-Saint-Aignan
08h45 – Accueil
9h15 – Introduction, par Sylvain Ledda (Université de Rouen Normandie, Cérédi)
Première session. Continuités ou ruptures ?
Présidence : Jean Rohou (Université de Rennes II)
9h30 – “Racine a-t-il oublié Racine dans Bajazet ?”, par Tristan Alonge (Université de La Réunion)
10h05 – “Marivaux et l’ombre de Racine. Bajazet et Mithridate, par Nicolas Fréry (Université de Strasbourg)
10h40 – Pause
11h00 – Présidence : Laurence Plazenet (Université Clermont-Auvergne)
11h00 – ”Racine 1672, au prisme du corps : continuités et discontinuités dramaturgiques, convergences et divergences méthodologiques », par Sylvaine Guyot (New York University)
11h35 – Transcendances orientales : Bajazet et Mithridate, des hapax dans le théâtre de Racine ?”, par Caroline Labrune (Cérédi)
12h15 – Déjeuner
Deuxième session. Mise en scène et réception
Présidence : Laurent Thirouin (Université de Lyon II)
14h15 – “Bajazet et Mithridate à l’ère romantique”, par Sylvain Ledda (Université de Rouen Normandie)
14h50 – “Wild Turkey Bourbon : La Fureur dans le Bajazet de Castorf”, par Nicolas Diassinous (Université d’Avignon)
15h25 – “Autour de deux mises en scène de Mithridate”, par Gilles Declercq (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III) et Stella Spriet (University of Saskatchewan, Canada)
16h00 – Pause
Jouer et mettre en scène Bajazet et Mithridate : rencontres animées par Servane L’Hopital (Lycée Malherbe de Caen, Cérédi)
16h15 – Entretien avec Éric Vigner, du Théâtre Saint-Louis de Pau
16h45 – Entretien avec Éric Ruf, administrateur de la Comédie Française
17h15 – Table ronde, discussion.
17h40 – Clôture de la première journée
vendredi 25 novembre 2022
Salle de conférences, Maison de l’Université, Mont-Saint-Aignan
Troisième session. Questions de poétique
08h15 – Accueil
Présidence : Jennifer Tamas
08h45 – “Anteros triomphant ou la rivalité amoureuse entre frères ou sœurs dans Bajazet, Mithridate et Ariane”, par Delphine Calle (Université d’Utrecht)
09h20 – “La scène fantôme dans la tragédie racinienne”, par Hubert Aupetit (Lycée Louis-Le-Grand / Centre International Jean Racine / IHRIM)
09h55 – Pause
10h10 : Présidence : Ariane Ferry, Université de Rouen Normandie
10h10 – “Racine et les poisons”, par Laurence Plazenet (Université Clermont Auvergne)
10h45 – “Le temps de Bajazet”, par Laurent Thirouin (Université Lumière Lyon-II)
11h20 – “Le jeu des indignes détours (Bajazet, Mithridate)”, par Jean-Philippe Grosperrin (Université de Toulouse – Jean Jaurès)
12h00 – Déjeuner
Quatrième session. Figures royales
Présidence : Hubert Aupetit (Lycée Louis-le-Grand)
14h00 – “Monstre d’orgueil ou héros pitoyable ? L’énigmatique dénouement de Mithridate”, par Jennifer Tamas (Rutgers University, New Jersey)
14h35 – “Parole du roi, parole royale”, par Claire Fourquet-Gracieux (Université de Créteil)
15h10 – Pause
Présidence : Sophie Hache (Université de Lille)
15h25 – « Le dernier des rois d’Orient. Topique de l’éloge du souverain dans Mithridate », par Jérôme Lecompte (Université de Rennes 2)
16h00 – “Mithridate ou l’anamorphose d’un grand homme”, par Charles-Olivier Stiker-Métral (Université de Lille)
16h35 – Conclusions, par Tony Gheeraert (Université de Rouen Normandie – Cérédi)
16h50 – Clôture du colloque
Tous les aspects de la vie du dramaturge, et particulièrement son œuvre théâtrale, sont explorés. L’interprétation d’Andromaque, de Britannicus, de Bérénice, de Phèdre et d’Athalie est renouvelée. Les préfaces et dédicaces de Racine y sont comparées avec celles de ses contemporains de manière inédite et révélatrice. Son comportement est étudié dans divers domaines et époques de sa vie. Cette tentative de reconstitution de sa personnalité, de sa logique et de son caractère, n’avait jamais été faite jusqu’à présent. Elle est évidemment hypothétique, mais destinée à nourrir un débat et soutenue par ce qu’elle permet d’expliquer.
Presses universitaires de Rennes
Collection : Essais
EAN : 9782753585867
Nb de pages : 532
30 €
Titus et Bérénice sont amoureux de longue date. Titus a même promis le mariage à sa reine de Palestine. Mais dès qu’il monte sur le trône, à la mort de son père Vespasien, Titus comprend que Rome n’acceptera jamais une reine étrangère pour régner à ses côtés. Il doit donc choisir entre amour et pouvoir et renonce à Bérénice. Antiochus, l’ami de Titus et amoureux en secret de Bérénice depuis longtemps, avoue son amour à la reine et décide de quitter Rome. Mais Titus lui demande de la soutenir et de l’accompagner, ce qui redonne un espoir vain à Antiochus. Cette tragédie est une histoire d’amour sans issue. Nos deux protagonistes accepteront héroïquement de suivre leur destin sans se donner la mort.
Erwan Quéméner, auteur de pastiches à la manière de Racine, présentera ses tragédies Sophonisbe, Macron et Amasie à l’hôtel Tumulus de Carnac, le 6 août 2022 à 16h30.
On peut se procurer ses ouvrages aux Editions Persée