Mithridate, dans une mise en scène d’Eric Vigner, se joue actuellement à Strasbourg (jusqu’au 8 juin)
Racine, quand il écrit cette pièce en 1672, s’inspire de la vie de Mithridate VI, qui régna jusqu’en 63 av. J.-C. sur le royaume du Pont − l’actuelle Turquie, la Crimée et de nombreuses régions au bord de la mer Noire − et reste célèbre pour avoir résisté à l’expansionnisme romain, mais aussi pour avoir accoutumé son corps à résister aux poisons : la mithridatisation. Racine situe l’action au dernier jour de sa vie : alors que Mithridate est déclaré mort, ses deux fils se disputent son royaume et la reine. Mais le retour du roi va tout bousculer. Le metteur en scène Éric Vigner voit dans cette œuvre crépusculaire le dernier sursaut d’un homme hanté par sa disparition et celle du monde hellénistique, dont il est le dernier rempart. À l’heure de notre mort, quel regard porte-t-on sur notre vie, qu’avons-nous transmis ?
Éric Vigner est metteur en scène, acteur et scénographe. Il a dirigé le CDDB − Théâtre de Lorient de 1996 à 2016 et est actuellement directeur artistique du Théâtre Saint-Louis à Pau. Le public du TNS a pu voir Brancusi contre États-Unis en 1996, La Place Royale de Corneille et Guantanamo de Frank Smith en 2013, ainsi que Partage de midi de Paul Claudel en 2018.