L’historiographe

On a longtemps disputé sur la prétendue “retraite”, à laquelle Georges Forestier préfère le terme de “retrait”. La charge d’historiographe, qu’il obtint en 1677, n’avait en réalité rien d’une sinécure: Racine devait désormais suivre le roi dans ses campagnes pour enregistrer au jour le jour la chronique du règne. De plus, parvenu au faîte de la gloire, Racine pouvait désormais se dispenser de se jeter dans la mêlée, et abandonner une profession d’auteur de théâtre qui restait discréditée aux yeux des bien-pensants.  Racine allait se ranger. Il allait aussi retrouver le chemin de Port-Royal, dont il deviendra jusqu’au bout l’un des plus fidèles défenseurs. Pourvu de considérables gratifications (2000 livres au titre de sa charge d’historiographe, à quoi s’ajoutent 2000 livres de pension d’auteur), il continue d’être comblé de titres. En 1683, il entre à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. En 1691, il devient gentilhomme ordinaire du roi ; 1696 : il obtient une charge de conseiller-secrétaire du roi (office en apparence prestigieux, mais qu’il est contraint d’acheter malgré lui). Il devient peu à peu un familier du roi, riche, envié et respecté ; il figurait régulièrement sur la liste des invités aux fêtes très privées que le monarque donnait à Marly.

“Racine a bien de l’esprit.”

dit un jour Louis XIV à Mme de Sévigné.